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Le mot dièse #Mayotteasoif est depuis fin août parmi les plus partagés sur le réseau social X (ex-Twitter). Des journalistes sur place, des associations, des habitants témoignent de leur détresse. « Il est 13h et il n’y a déjà plus d’eau » poste une jeune mahoraise.« Normalement on devrait avoir de l’eau de 8h à 16h. Depuis 3 jours, l’eau est coupée de plus en plus tôt. Aujourd’hui à 12h30 il n’y a déjà plus d’eau au robinet. » écrit un autre.
« La situation est tendue pour tout le monde ici, aussi bien la population que les professionnels, abonde notre correspondant et journaliste à La Première, Chafion M’Madi. C’est allé crescendo depuis quelques mois. Les coupures se sont intensifiées. Avant, on avait une coupure par semaine. Aujourd’hui, on est à trois coupures hebdomadaires. »
Depuis l’été, l’eau potable n’est distribuée aux 300 000 habitants du département français qu’au compte-gouttes. L’île est confrontée à un net manque de pluie, et par conséquent se retrouve avec des niveaux excessivement bas dans ses réserves.
Une situation des plus alarmantes car l’approvisionnement de Mayotte dépend essentiellement des eaux pluviales. 80% de l’eau provient des cours d’eau et de retenues collinaires. Or celles-ci sont quasiment vides et la prochaine saison des pluies n’est attendue qu’en fin d’année.
La retenue de Dzoumogné, au nord de l’île, n’est remplie qu’à 14%, celle de Combani, au centre, à 24%, selon Météo France. Le reste de l’approvisionnement est assuré par des forages en eaux souterraines (environ 15%) et une usine de désalinisation, qui ne produit actuellement qu’un tiers de ses capacités prévues.
À cela vient s’ajouter un réseau vétuste de distribution de l’eau sur l’île. Déjà en mars 2023, un article de La Première parlait d’« usines de traitement obsolètes et sous dimensionnées ainsi [que d’un] réseau d’adduction en eau potable d’un autre temps où les fuites seraient nombreuses. »
Gilles Cantal, préfet chargé de mission pour gérer la crise de l’eau à Mayotte depuis juin, annonçait lors d’une conférence de presse que les pertes (fuites) atteignaient un tiers de la production.
Si les coupures depuis plusieurs mois étaient devenues fréquentes, la population a appris lors d’une conférence du Comité de suivi des ressources en eau le jeudi 26 août que « dans l’ensemble du département, l’eau sera coupée deux jours sur trois » à partir du 4 septembre, et que « dans les secteurs de forte activité de Mamoudzou et de Koungou ainsi qu’en Petite-terre, l’eau sera coupée cinq nuits sur sept de 16 h à 8 h avec une coupure supplémentaire de 36 h une fois par semaine. ».
« Mais c’est une blague on va mourir si ça continue. » réagit une utilisatrice de Twitter face à la photo du diaporama montrant « la proposition de schéma de tours d’eau » du Comité de suivi des ressources en eau.
La mince plage horaire, déjà appliquée dans certaines communes pour avoir accès à l’eau potable, représente une difficulté supplémentaire pour les Mahorais. « Dans la journée, les gens sont au boulot puis reviennent chez eux en fin de journée. Certains ne sont pas à la maison lors de la distribution d’eau pour remplir leurs récipients et stocker l’eau. Moi, ça m’est déjà arrivé ! » explique Chafion M’Madi.
Ceux qui ont pu être chez eux lors de la distribution d’eau n’ont cependant pas toujours pu avoir accès à une eau potable, selon plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux. Du robinet, on peut voir jaillir une eau brunâtre. Selon l’internaute, cette scène se déroulerait à Boueni, au sud-ouest de l’île, entre 18h40 et 19h.
« Tenir le coup »
Si les distributions peuvent encore se faire, il n’est pas assuré qu’elles puissent continuer jusqu’à la saison des pluies en décembre. Lorsque les deux retenues seront à sec, la préfecture estime que l’île ne produira que « 20 000 m3 par jour », soit moins de la moitié de ses besoins en eau.
Cependant, déjà en 2017, un plan d’urgence avait été lancé à l’initiative du gouvernement à l’issue d’une sécheresse qui avait causé un rationnement drastique de l’eau. Il prévoyait la réhabilitation de huit forages, la construction d’une usine de désalinisation dans les dix-huit mois et une troisième retenue collinaire, attendue depuis des années, devait voir le jour fin 2020.
« Ce plan a été réalisé beaucoup plus lentement que prévu« , a affirmé sous couvert d’anonymat à l’AFP un ingénieur, spécialisé en gestion de l’eau.
L’extension de l’usine de désalinisation de Petite-Terre aurait dû être réalisée beaucoup plus tôt. « Des travaux ont été entrepris sur le réseau mais les investissements dans des usines de production pour augmenter les capacités n’ont pas suivi« , explique l’ingénieur.
Si le ministre chargé des Outre-mer Philippe Vigier a annoncé un investissement de 8 millions d’euros pour un osmoseur, machine qui permettra de rendre 1000 m3 d’eau de mer potable par jour, celui-ci ne sera opérationnel que d’ici la fin d’année.
Des travaux sur les canalisations, ainsi qu’une liaison entre les deux îles principales de Mayotte, Petite-Terre et Grande-Terre, pour répartir l’eau de l’usine de désalinisation, sont aussi actuellement en cours. « Il faut tenir le coup jusqu’au mois de novembre« , affirme le préfet Gilles Cantal.
Écrit par: admin
Environnement Mayotte Sècheresse
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